Poly-Actions Inc. : L'histoire racontée par M. Pierre Roberge, épisode 10 (Fin)
Lun, 7 octobre 2019, Rediffusion
La fin d'une belle histoire
La fin d'une belle histoire
Par la qualité de ses actionnaires, Poly-Actions Inc. compte une expertise exceptionnelle dans des domaines variés qui fait l'envie de plusieurs compagnies. Lorsqu'elle investit, elle délègue au conseil d'administration de l'entreprise les meilleurs éléments pour ce domaine précis. Il arrive également qu'elle est sollicitée pour donner des conseils, pour négocier ou simplement agir comme mentor.
À chaque vendredi midi, les membres du CA qui sont libres se rencontrent pour manger ensemble au Restaurant «Aux Délices BAR.B.Q» dans la petite salle à droite de l'entrée. Le but est de fraterniser et de partager les nouvelles qui se passent dans la région. Si on apprend qu'une entreprise est en difficulté, on peut lui offrir de l'aider, s'il y en a une qui a réalisé un bon coup, on la félicite. Avec le temps, nous savons tout ce qui se passe. On a ainsi développé un réseau important qui nous permet d'intervenir positivement dans l'économie régionale.
Quatrième investissement
C'est ainsi que Poly-Actions, apprenant que Ber-Vac Inc., entreprise fabricant des cultivateurs et des souffleuses à neige, est en manque de liquidités, elle lui prête des fonds à deux reprises. En juin 1983, elle prête 90 000 $ pour maintenir l'usine en opération. En octobre de la même année, elle dépose 200 000 $ à sa banque pour lui permettre de continuer ses activités et de bénéficier des fonds nécessaires pour exécuter les commandes reçues. En juillet 1984, Poly-Actions injecte d'autres fonds et détient 51% des actions votantes de Ber-Vac. Le nombre d'employés varie entre 60 et 80 dépendant des commandes, et le chiffre d'affaires dépasse les 5 millions de dollars. 75% de la production est expédiée aux États-Unis chez Massey-Ferguson, Kubota, Ford, Sears, Bush-Hogg., Bolens, etc. Poly-Actions a cédé l'entreprise aux autres actionnaires un peu plus tard et est toujours en opérations sous le nom de Rad Technologies Inc.
Afin de gérer toutes ses entreprises, à l'automne 1983, Poly-Actions engage André Laramée M.B.A. à titre de directeur général. Il vient de quitter le même poste à la Ville de Thetford Mines. Il travaille au bureau-chef de la compagnie. Une secrétaire est déjà en place. Le Conseil regroupe les neuf personnes suivantes : Maurice Côté à la présidence, Réjean-Nadeau vice-président, Pierre Paradis secrétaire, Pierre Roberge trésorier, ainsi que les directeurs Georgette Couture, Michel Brossard, Michel Émond, Pierre Lamontagne et François Pellerin.
Cinquième investissement
Poly-Actions fait affaire avec La Société de Développement Industriel du Québec (SDI) pour quelques-uns de ses projets. En juillet 1984 un dossier d'investissement est proposé par la SDI pour l'acquisition de Québec Ressorts Inc, compagnie située à Montmagny. Afin de diversifier ses opérations, Poly-Actions croit que son implication dans de telles industries permet des retombées économiques directes dans notre région et se porte acquéreur de tout le capital-actions de la compagnie qui fabrique des ressorts de tension et d'extension. Elle emploie 25 personnes, son chiffre d'affaires est de 2 millions de dollars et 70% de sa production est écoulée au Québec. Cette compagnie est revendue plus tard avec profit. Cependant durant les dernières années, la compétition d'une autre entreprise de fabrication de ressorts de Montmagny, Ressorts Liberté, donne du fil à retordre ce qui nous amène à la décision de nous départir de cet investissement.
Sixième investissement
En décembre 1985, Poly-Actions achète les actifs d'une compagnie de Melbourne spécialisée dans l'usinage dans le but de transférer les opérations à Thetford et de combler les besoins d'usinage de la compagnie Ber-Vac Inc. Elle achète la bâtisse utilisée auparavant par l'usine de Coca-Cola, elle crée la compagnie Dynaflex Inc et ouvre ses portes en août 1986. Entre la date d'achat des actifs et l'ouverture, les employés de Melbourne, qui ne veulent pas déménager à Thetford, décident de former un syndicat et de foutre le bordel dans cette acquisition. Pour faire une histoire courte, n'entreprise n'a jamais bien fonctionné et a toujours fait des pertes. Les ventes de Ber-Vac baissent d'une façon drastique ce qui se répercute sur le carnet de commandes. Lors de l'étude de notre projet, les intervenants du MIC, de l'OPDQ et de la SDI avaient fourni une étude de marché sur le potentiel des ventes pour Dynaflex. En y regardant de plus près, il semble que l'étude de marché ne permet pas d'identifier des clients potentiels pour les produits fabriqués par la compagnie. À l'automne 1989, l'entreprise est à bout de souffle; la décision est prise de cesser les opérations et de vendre les équipements, même à perte. C'est le premier et seul échec à survenir pendant les 21 années de vie de Poly-Actions.
Le dernier droit
En mai 1989 à l'occasion de l'assemblée générale, je quitte le poste de trésorier pour devenir président de Poly-Actions en remplacement de Me Pierre Paradis. À l'occasion de l'assemblée générale du 18 juin 1991, j'ai présenté mon rapport sur les résultats de l'année 1990 comme suit :
«La plus longue période d'expansion économique qu'ait connue le Canada depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a été refrénée brusquement en 1990 : le nombre croissant de mises à pied, de faillites personnelles et d'entreprises, le fléchissement de la valeur ses actions ordinaires et des biens immobiliers, tout cela a eu tôt fait de mettre du plomb dans l'aile de plusieurs entreprises. Poly-Actions n'y a pas échappé. L'année 1990 a été rude, l'échec de l'Accord du Lac Meech, l'été indien et le conflit dans le Golfe Persique n'ayant fait qu'aggraver la situation.
La Fonderie de Thetford, notre unique filiale, après avoir obtenu un excellent résultat au premier trimestre de 1990, est entrée en récession dès le mois de mai. Nos clients ont diminué leurs commandes et leurs inventaires, la compétition est devenue plus féroce. Heureusement, notre programme permanent de recherche et développement a permis la mise au point de nouveaux alliages, ce qui a consolidé notre position chez certains clients et nous en a amené des nouveaux. Toutefois, pendant cette période de rodage de nouveaux produits, il nous a fallu sacrifier une bonne partie de nos profits. Un programme de rationalisation des dépenses a été mis en place et l'engagement d'un contrôleur nous a permis d'assurer un suivi quotidien.
Nous avons également mené des négociations avec une compagnie yougoslave pour un transfert de technologie concernant la fabrication de plaques de raffineurs pour le marché des papetières. Le 18 septembre 1990, nous avons conclu une entente avec cette firme pour les droits de propriété de cette technologie pour le Canada, les États-Unis et le Mexique. En date d'aujourd'hui, une partie du transfert est complétée et nous avons la conviction que cet apport sera bénéfique pour notre entreprise dans les prochaines années».
La suite de l'histoire, je vous l'ai racontée en détail dans les épisodes 6, 7 et 8.
Quant à Poly-Actions, suite à la vente de La Fonderie, les actionnaires, qui ont pris de l'âge, ont décidé à la fin de l'an 2000 de liquider leur Compagnie. Pourquoi? Parce qu'en cours de route, les actionnaires et dirigeants de l'époque ont tous oublié une chose importante: recruter de plus jeunes actionnaires. C'est ainsi, qu'après 21 ans d'existence, cette merveilleuse compagnie de capital de risque cesse ses opérations.
Lorsque Poly-Actions a été fondée, il n'y eut aucune promesse de rendement. Les actionnaires qui ont conservé leurs actions tout au long de cette aventure ont obtenu un rendement composé de près de 7,5%...du capital de risque!
FIN
Un texte de Pierre Roberge.
Épisodes précédents :
Épisodes 2 & 3 : https://www.regionthetford.com/fr/actualites/2019/06/26/poly-actions-inc-l-histoire-racontee-par-m-pierre-roberge-episode-2/
81, Notre-Dame Ouest (E2RT)
Thetford Mines (Québec) G6G 1J4
